Une autre suite

Publié le par amarula

Voilà ce que moi j'avais trouvé :
 
 
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         Flavien, en arrivant au carrefour, se mit à pester contre les taxis qui arboraient tous leurs lumières « occupé » comme à Paris à la même heure. Bande de prétentieux !
 

    Il jeta un coup d’œil au pousse-pousse arrêté sur le côté et à son conducteur qui lui rendit un regard que Flavien identifia vite, limpide, comme tourné vers l’intérieur, le regard propre aux héroïnomanes du coin. Ah non, pas question d’arriver en tel équipage à la réception, pensa-t-il. Et il se souvint que la dernière fois il s’était pris les pieds, en descendant, dans les multiples cordages censés faire tenir ensemble les morceaux de toile rapportés et il s’était étalé dans une flaque d’eau, au grand désarroi du maître d’équipage, lequel avait refusé tout argent pour prix de son indignité. Malheureuse expérience.

 

    Quant aux motos-taxis, elles ne manquaient pas. Leurs chauffeurs, eux, étaient plutôt du genre mauvais garçons à l’affût d’un coup de même acabit. De quoi aurait-il l’air, lui, le Consul de France, pieds en l’air et cravate au vent, résistant à l’envie d’enserrer le blouson de cuir devant lui pour avoir quelque chance d’arriver à bon port ?

 

    Un taxi s’arrêta mais avant que Flavien ait eu le temps de s’approcher, une grosse dame en sari avait réussi à s’y engouffrer. Il réprima sa mauvaise humeur, c’était un gentilhomme, et il ne faisait pas le poids.

 

    Bon, de toute façon, je suis en retard, se dit Flavien, alors … Après tout, ce n’est pas loin, je pourrais bien y aller à pied, ça me détendra.

 

   Evidemment une partie du parcours était peu avenante, sans éclairage et très passante, avec des trottoirs en terre battue mal délimités. Ah, c’est ça l’aventure, pensa le Consul en goguette en arrivant justement à l’endroit délicat. Il se senti mieux, ragaillardi à l’idée de cette promenade inhabituelle … à moi les grands trains fous qui sifflent dans la nuit … lui qui ne circulait qu’en voiture.

 

   Il se trouva pris tout à coup dans une forêt d’ombres, celle des passants qui surgissaient devant lui, travailleurs de retour chez eux tous à la même heure, habitués à ces déplacements obscurs. Il entendait derrière lui des pas pressés qui attendaient pour le dépasser. Il se heurta plusieurs fois à quelques anonymes qui se confondirent, tout comme lui, en excuses. Les lueurs des phares éclairaient des visages mais surtout éblouissaient Flavien qui se trouvait pris entre le flot des voitures  bondissant de l’inconnu.

 

    Décidément pas une ville pour les piétons, se dit Flavien qui commençait à se sentir moins à l’aise. En voilà une qui vient droit sur moi, s’inquiéta-t-il, complétement aveuglé. Il se poussa brusquement. Et il se senti à peine perdre pied, eut juste le temps de se rendre compte qu’il venait de tomber quelques mètres plus bas, une vive douleur à la cheville l’empêchant de proférer autre chose que divers jurons.

 

   Le contact de la terre humide était désagréable et il s’aperçut qu’il avait perdu une chaussure. Il hasarda ses mains autour de lui mais il faisait si sombre qu’il ne pouvait la retrouver. Il regarda là-haut les silhouettes qui passaient, entendit des « désolé » … « désolé », preuve qu’on l’avait entendu, qu’on savait la présence d’un pauvre type échoué quelque part là en-bas. Il en aurait bien ri mais il se demandait ce qui se trouvait autour de lui : des rats ? Un autre trou plus profond ?

 

   A ce moment le téléphone sonna, bruit tout à fait incongru qui résonnait étrangement dans le noir total. Flavien devina sous son doigt le bouton « oui ».

 

  «  Oui ? …  Mélanie ?  Mélanie !? !  Oh … Mélanie…  » parvint-il à chuchoter, à la fois ému et désemparé.

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 Alors c'est pas une belle chute, ça ?

Vous rigolez mais ça m'est arrivé pour de vrai, de tomber dans un trou comme ça au bord de la route. J'ai eu la peur de ma vie, et, en plus, j'avais un pantalon blanc ..

 

Publié dans habarizaleo

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T
Pour une chute, c'est une chute ! ;-)
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