Snobissime ...

Publié le par amarula

AVEZ-VOUS REVETU ….

 

J’ai été réveillée aujourd’hui par un de mes amis.

 

«  Chère Marie-Ange » disait-il à l’autre bout du fil, « avez-vous revêtu votre chasuble et quelque crucifix se trouve-t-il à portée de votre main jolie ? »

 

« Imaginez », a-t-il poursuivi , «  que je me dirige à pied, ce matin, tranquillement, comme d’habitude, vers mon bureau lorsque je me fais aborder par un jeune homme, la trentaine environ, pas bien rasé, qui me demande un peu d’argent. Comme je n’ai rien contre lui, je lui donne une pièce et je commence même à lui parler un peu. Il se trouve qu’il est chômeur et qu’il ne sait où aller. Devant tant de malheurs, je lui donne une autre pièce. Il s’enhardit alors et me demande de l’accompagner jusqu’au foyer qui l’abrite payer ce qu’il doit. Ainsi il pourrait y rester une semaine de plus. Je réponds que cela m’est impossible. Et il s’éloigne en murmurant  «  oh, Seigneur ».

 

 Et depuis me voici tout chagrin, car je pense que j’aurais pu lui donner un chèque. Dix euros, pour moi, ce n’était rien. J’ai regardé par la fenêtre, avec l’espoir de le retrouver, mais il est parti. Et je suis tellement tourmenté que je ne puis plus rien faire. C’est surtout ce « Oh, Seigneur » qui m’arrache le cœur. »

 

N’entendant que mon silence, cet ami a continué sur un ton innocent teinté d’agacement.

 

« Pourtant je n’ai fait de mal à personne. Songez que je marchais, gentiment, en remettant en place mes cheveux que le vent avait dérangés et tout heureux d’étrenner mon manteau d’alpaga, lorsque voilà que je me fais interpeler par la ville .. »

 

« Interpeler par la ville ? », ai-je dit, sévère. « Voilà une désinvolture qui aurait sûrement plu à ce pauvre chômeur. »

 

« Mais oui », a-t-on essayé de se justifier, « pour moi la ville n’est que douce d’habitude. Je lève le nez et je vois ces jolies maisons que l’on a bâties, pour vous et pour moi ..  »

 

« Peut-être est-ce lui qui les a bâties », l’ai-je interrompu. « Et on l’a ensuite rejeté à son triste sort sur le pavé humide. Ah, comment pouvez-vous supporter l’idée que ce soir, lorsque vous serez douillettement abandonné dans votre lit de plumes, il sera .. alors que d’un trait de plume, justement, vous auriez pu, n’est-ce-pas ? »

 

«  Mais dîtes-moi », s’offusquait le monsieur, « vous êtes mon confesseur ou le diable en personne ? De toutes façons, il s’est adressé finalement au Seigneur. Le Seigneur a quand même les épaules plus larges que les miennes. »

 

« Mais les vôtres ne valent-elles pas mieux que deux pièces, fussent-elles d’argent ? » ai-je demandé simplement.

 

« Il aura tout de même pu prendre un café … et un croissant », essayait-il de se consoler , « au comptoir .. seulement. »

 

« Pensez donc, il lui aura manqué juste vingt centimes », ai-je fort pertinemment remarqué.

 

« Il est peut-être quand même au chaud dans le métro », a osé dire le monsieur d’une voix mourante.

 

«  Comme vous ne prenez jamais le métro, vous ne savez pas que maintenant on ne peut plus sauter par-dessus le tourniquet », ai-je laissé tomber. « Non, non, il doit être rencoigné dans quelque porte cochère car, comme chacun sait, qui dort dîne. Et, à ce propos, je ne crois pas qu’il soit déjà l’heure de mon petit déjeuner et je m’en vais faire comme ce brave homme. Je vous dis au-revoir et vous souhaite une bonne journée. »

 

Et j’ai laissé mon triste ami à ses tristes pensées.

 

Moralité :

 

Il ne faut jamais réveiller une jolie femme pour lui demander de revêtir une chasuble.

 

 

 

 
 

Publié dans habarizaleo

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A
Merci pour votre indulgence. Je vois que c'est surtout le manteau en alpaga qui vous a "interpelé". Mais oui, ça existe encore ce genre de snobisme vieille France.
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A
Eh bien moi je ne sais que rajouter, sinon que je compatis avec tout le monde et un peu moins pour le monsieur du manteau ...<br /> Enfin bon, grosses bises et que cette journée dédiée aux femmes ne soit pas non plus qu'un acte pieu et vite oublié !
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P
Il ne faut jamais réveillé qui que ce soit si on espère un peu de compassion, tu ne crois pas ? :-)
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A
Je plains les gens qui traversent la vie avec leur manteau en alpaga !!!... car ils ne vivent que le superflu et passent à côté de l'essentiel..... bises - Laurence -
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